Ceci est le dessin de mes rêves

Exposition, du 18 octobre 2024 au 15 février 2025

« Avec le dessin, j’arrive à dialoguer et à exprimer ce qui vient de mes rêves, de mes envies, de mes besoins », dit Barthélémy Toguo. À l’École des Beaux-Arts d’Abidjan, l’artiste s’est formé au dessin académique de copie et à la sculpture d’après modèle. Le Christ de la Cathédrale d’Amiens fait partie de ces sculptures, réalisés en plâtre d’après les copies des sculptures antiques ou de la Renaissance.

« Je voulais dessiner comme les classiques, comme Titien et Michel Ange. Je n’ai pas pu. Mais j’ai plutôt découvert une autre écriture qui est aujourd’hui la mienne ». Barthélémy Toguo a retenu de cet enseignement l’intensité et la précision avec laquelle il a appris à regarder pour maîtriser la forme et la restituer en dessinant. C’est cette dextérité qui lui permet de dessiner et peindre avec une extraordinaire précision, y compris avec la fluidité de l’encre et de l’aquarelle. Son geste, intériorisé et parfaitement maîtrisé, avance avec rapidité. Résultat d’une intense concentration, le dessin pousse alors et s’épanouit naturellement pour former des hybrides, des plantes, des animaux réels et imaginaires, des hommes et des femmes.

Les dessins de Barthélémy Toguo empruntent des supports et des matériaux variés. Il les réalise souvent par séries ayant leur unité propre. Seront exposés ici plus de trente dessins de la série Das Bett, qui en comporte soixante-douze, réalisée en 1995 au stylo bille, crayon de couleur, feutre et gouache sur papier. L’exposition donnera à voir l’univers qui lui est propre, où humains, animaux et choses coexistent de façon organique. On y retrouve des poissons, le petit chien à la forme allongée caractéristique de l’artiste, des mains qui poussent d’un corps d’un animal ou qui sortent de l’eau, des corps masculins et féminins entiers ou tronqués, parfois une seule jambe, une tête sous forme de clé, des chaussures géantes, des échelles, des accessoires de beauté et des « top-modèles ».

Ces dessins jouent à construire un empilement joyeux et espiègle de choses. Aériens et fluides, tout en finesse, ils entrent en dialogue avec la série des sculptures en bois de l’artiste Joséphine Baker à la plage. Ces demi-corps sculptés depuis les pieds jusqu’à la taille dessinent une autre forme d’écriture mettant en avant un autre geste, celui plus dur de la taille du bois.

Artiste visionnaire, Barthélémy Toguo se trouve en dialogue constant avec les cultures et les traditions millénaires des pays où il se rend : à Ségou au Mali, Abomay au Bénin, Bombay en Inde, Rabat et Fès au Maroc par exemple. Du palais de Luxor en Egypte, il rapporte un dessin à l’encre de grandes dimensions (10 m x 1,5 m) spécialement conçu pour l’exposition du Frac.

Vue de l’exposition Ceci est le dessin de mes rêves ©Irwin Leullier